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Moulins de Paillard

Evolution de la force motrice.


    Dans l’Antiquité, où la force humaine ou animale prévalait, on parlait de «moulin à sang». Plus tard, l’énergie de l’écoulement de l’eau sur une roue à palettes ou à aubes (ou l’énergie du vent) animèrent les moulins et fournirent la force motrice des premières industries. Les moulins à eau, basés sur un écoulement à l'air libre dans un canal ou une rivière, sont caractérisés par un rendement relativement faible (30 à 60 % selon le type de roue, voire 80 % pour une roue "Sagebien"), ce qui conduira ultérieurement à l'apparition des turbines immergées (rendement de plus de 80%). A puissance égale, les turbines tournent plus vite et prennent beaucoup moins de place.

    Jusqu’aux années 1850, l’évolution technologique des papeteries concerne essentiellement les méthodes de fabrication du papier : pour broyer les chiffons, les cylindres hollandais remplacent les piles à maillets et la machine à papier en continu qui produit 24 heures sur 24 remplace la fabrication manuelle feuille par feuille.

    A Poncé, en 1820, Julien QUETIN fait installer l’une des premières machines en France, deux ans avant Barthélémy de CANSON à Annonay. Une nouvelle machine, munie de cylindres sécheurs, sera installée entre 1830 et 1832. Puis une autre en 1881.

Machine à papier en fonctionnement à Paillard vers 1960.


    Avec l’augmentation de la production et l’introduction de ces nouvelles machines, le problème de la force motrice va se poser. En effet, jusqu’en 1840, les roues hydrauliques en bois mettant en mouvements les maillets, les cylindres et les machines sont restées les mêmes que celles utilisées en 1765 lors de la création de la papeterie par Elie SAVATIER.

    Un état des roues établi en 1833 indique 6 roues verticales dites « de-dessous ». La plus grande, celle du Grand Moulin, atteint 6 mètres de diamètre, 1,55 mètre de largeur et entraine deux cylindres. Une deuxième, également de 6 mètres de diamètre mais de 0,86 mètre de large, entraine la machine à papier. Deux autres roues de 4 mètres de diamètre et 1 mètre de large entrainent respectivement une pile à maillets et deux cylindres. Enfin les deux dernières, de 4 mètres de diamètre et 0,90 mètre de large, activent les meules d’un moulin à blé qui sera supprimé en 1855.

    En réponse au besoin de modernisation de l’usine de Paillard, Alexandre QUETIN, fils de Julien QUETIN, remplace en 1840 trois des anciennes roues par trois plus grandes de 5 mètres de diamètre et de 4,80 mètres de largeur. Elles sont dites « de coté et à vanne plongeante ». Pour abriter deux de ces roues, Alexandre QUETIN fait construire à l’extrémité sud des moulins une « halle » aujourd’hui démolie suite à son effondrement.

    Quinze ans plus tard, Alexandre QUETIN va de nouveau profondément remanier son usine et installer une turbine hydraulique de 30 CV construite à Chartres par la maison Fontaine. A elle seule, elle fournit la même force motrice que les trois grandes roues de 1840. En 1860, il fait installer dans la « halle » une seconde turbine « Fontaine-Callon » hydropneumatisée à vannes papillons de 30 CV, construite par les ateliers Feray d’Essonnes, à la place des deux grandes roues de 1840. 
Ces deux turbines ont été installées par l'ingénieur Charles CALLON."La halle" qui abritait le grand rouet solidaire de la seconde turbine «Fontaine-Callon». En 2008.

    Plus tard (1880), Henri CHAUVIN, petit-fils d’Alexandre QUETIN, va ajouter une machine à vapeur qui fournira non seulement la vapeur nécessaire aux cylindres sécheurs mais aussi une force d’appoint saisonnière pour relayer en hiver les turbines hydrauliques engorgées lors des crues du Loir ou en été, lorsque le régime baisse par manque d’eau. En 1881, il installera également une machine à papier plus performante permettant de réorienter la production vers les « sortes fines » comme le papier à cigarettes.

    La première turbine a été modernisée dans les années 1930 en remplaçant sa couronne supérieure par un engrenage CITROEN. Elle a encore produit de l'électricité dans les années 1980 pour le Centre Artisanal. La seconde était restée dans son état d'origine jusqu’à sa destruction en 2013.

L'engrenage CITROEN installé vers 1830 sur la première turbine. Photo 2008.Le rotor et le grand rouet de la seconde turbine, exposés à l'entrée du Centre après la démolition de 2013. A noter que ces deux éléments ont été remontés à l'envers !


                               Source : Louis André, historien.

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