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Meung-sur-Loire.


Au 15e siècle, Meung-sur-Loire possédait déjà de nombreux moulins à papier : Moulins de la Nivelle, du Marais, d’Aunay, de Basmont, de Clan, de Roudon, Moulin Cropet, moulin Farou, etc …

Cette implantation précoce et nombreuse a sans doute été favorisée par la création de l’Université à Orléans en 1306, par les débuts de l’imprimerie et par la qualité de l’eau des Mauves. Puis, dès le 17e siècle, de nombreuses raffineries de sucre se créent à La Rochelle ainsi qu’à Orléans. Celles d’Orléans vont naturellement se fournir en « papier à sucre » (papier d’emballage des pains de sucre) auprès des moulins à papier d’Orléans (papeterie de Saint-Nicolas-Saint-Mesmin) et de Meung-sur-Loire.

A la révolution (voir enquête de l’an II), les 5 moulins à papier de Meung-sur-Loire (moulins de Clan, de Basmont, du Roudon, d’Aunay et des Deux-Roues) ne fabriquent plus que du papier d’emballage, notamment pour les pains de sucre. A partir de 1800, les raffineries orléanaises ferment les unes après les autres et avec elles les moulins à papier magdunois. Le dernier à fermer sera celui du Basmont, en 1842.

Moulin de Basmont.


C’est en 1463 que cet ancien moulin à fouler les draps est transformé en moulin à papier. A partir du milieu du 17e siècle, il deviendra moulin à blé. Il l’était encore en 1792, lorsque Bernard CASSIGNOL, originaire de Carcassonne et propriétaire du moulin, le transforme à nouveau en moulin à papier.

En 1811, le fils aîné de Bernard CASSIGNOL, chirurgien à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loire), afferme le moulin à François QUETIN qui y emploie alors 3 ouvriers. Ce dernier meurt le 25 février 1815.

Le 23 janvier 1818, François-Claude QUETIN (o1788/+1843) et Marie-Charles (o1793/+1883), son frère, tous deux fils de François QUETIN, établissent entre eux, sous seing privé, « une société de commerce … sous la raison de Quetin frères … pour l’exploitation d’un moulin à papier situé à Basmont (commune de Meung) … La mise en commun se compose de tous les ustensiles et marchandises propres à la fabrication qui leur ont été cédés par la Veuve Quetin, leur mère. » « … société de commerce … qui cessera le 24 juin 1824 ».

Dans "l'Almanach du Commerce de Paris, des départements de la France et des principales villes du monde" par J. de la Tynna, 1825 - page 524, François-Claude QUETIN, époux de Marie Louise ROUSSEAU, est mentionné comme fabriquant de papier au Moulin de Basmont, à Meung, tandis que son frère Marie-Charles QUETIN serait au Moulin d'Aunay, avec BOUCHET et CHARIBAIRE-LACOSTE (Voir ici).

Dans le même Almanach édité en 1829, le nom de QUETIN n'apparaît plus (Voir ci-dessous). On retrouve par contre le nom de Sylvain LEMAIGRE, le papetier de Saint-Nicolas-Saint-Mesmin, qui exploitera le Moulin de Basmont jusqu'en 1830 avec son beau-frère, Denis Auguste BOURGUIGNON.


Moulin de Basmont en 2009.
Ce dernier reprend alors seul le moulin à son compte, sans grand succès, et Sylvain LEMAIGRE n'est pas tendre avec son beau-frère : L'affaire vaudra toujours mieux que d'aller à la chasse et à la pêche !

"Faîtes vous siffler des gens sensés et tourner en ridicule comme vous le méritez, en apprenant la musique à plus de 40 ans et avec une nombreuse famille qui a bien besoin d'apprendre autre chose ...  Pendant que l'on s'amuse à Meung,..., je trime moi, ..., Mais qui pourrait compter sur des successions futures pourrait se tromper, je vous en avertis" (Bourguignon - 21/3/1830).

Bourguignon achève de se ruiner. "Bourguignon ne possède rien, il est à la charge de sa femme, laquelle est à ma charge et ne possède rien non plus" (Macquaire - 11/3/1843).

Malgré ces différents, LEMAIGRE prend soin de sa soeur et de ses neveux. En 1843, il installe la famille BOURGUIGNON en Normandie, au moulin du petit Aunay à Mesnil-Tove (Manche) mais LEMAIGRE en conserve la haute direction. "J'organise près de Granville une fabrique importante pour une famille de douze enfants à qui je dois venir en aide" (Etienne et Say - 18/6/1843)

(Source : Nicolas GUICHET, mémoire de maîtrise, page 44)

En 1842, le dernier moulin à papier de Meung-sur-Loire, le Moulin de Basmont, ferme ses portes et est démoli.

Il est reconstruit une première fois en 1846 en moulin à farine par Auguste ALLIOT puis reconstruit à nouveau à neuf en 1933 par Henri LANDRON pour y aménager une usine d’outillage ainsi qu’une habitation. En octobre 1952, les Ateliers Electriques du Loiret, entreprise créée  en 1934 (et toujours en activité en 2009, en face du moulin), en sont propriétaires. Ils le vendent au début de 2003 à une société immobilière.

Moulin des Deux-Roues.




Moulin des Deux-Roues en 2009.
Ce moulin à deux roues, comme son nom l’indique, est situé à côté du moulin de Basmont. Jusqu’à la révolution, la première roue appartenait à l’abbaye de Micy-Saint-Mesmin (actuellement Saint-Pryvé-Saint-Mesmin) et la seconde, à la Chapelle Saint-Hilaire de Meung-sur-Loire.

De 1465 à 1577, il servit à fouler les draps puis il fut utilisé comme moulin à farine jusqu’en 1641. De 1641 à 1669, il fut moulin à salpêtre et poudre à canon. Parallèlement à ces activités, il aurait été utilisé pour le fonctionnement d’une fonderie de cuivre servant à la fabrication de pièces de monnaie ( Lors de la Fronde, le jeune roi Louis XIV transféra temporairement la fabrication des pièces en cuivre de Tours à Meung-sur-Loire, lieu jugé plus sûr, la fabrication de pièces de monnaie en cuivre étant particulièrement impopulaire).

De 1669 à 1715, il devient moulin à farine, puis à chamois jusqu’à la Révolution. En 1791, Jacques-Jean LECOULTEULX l’achète comme bien national. Alors moulin à papier, il employait 10 employés sous la direction d’un marchand papetier d’Orléans, Monsieur PERDOULT. Lors de l’enquête de l’an II (1794), Pierre QUETIN, né à Challes le 20 mars 1760, y est gouverneur et François SOUDE, son-beau-père, salleran.

Transformé en moulin à farine, il est exploité de 1803 à 1806 par Monsieur GILLET-GIDOIN. Il restera dans la famille GILLET jusqu’en 1880 qui le revend alors à la famille CUILLARDIER. En 1915, le propriétaire est Joseph VEILLARD-ROUSSEAU. EN 1920, ce dernier le vend à la famille HILAIRE qui l’exploitera jusqu’en 1988. Il est maintenant transformé en logements (2008).

« L’an 1883, le mardi 2 octobre, … Auguste Albert VEILLARD, âgé de 26 ans, … docteur en médecine, … fils de Jacques Joseph VEILLARD, … »  épouse « Emilie Jeanne Eléonore CUILLARDIER, âgée de 22 ans, … domiciliée avec ses père et mère au Moulin des Deux-Roues, … fille majeure de Jean Joseph CUILLARDIER, négociant meunier, et de Lucile Valentine DUPUIS, ci-présents … ». Le père de Jean Joseph CUILLARDIER n’est autre que le mari d’Eléonore Florence QUETIN, elle-même petite-fille de Pierre QUETIN, né à Challes le 20 mars 1760, et de Marie Marthe SOUDE !


Le grand moulin d’Aunay.


Construit pour y faire de la farine, ce moulin fut converti en moulin à papier au XVème siècle. Au XVIIème siècle, il est à nouveau transformé en moulin à farine et le restera jusqu’à la Révolution.

En 1791, les biens du Chapitre-collégial Saint-Liphard de Meung-sur-Loire sont vendus comme biens nationaux et le Grand Moulin d’Aunay est acheté par le marchand papetier d’Orléans, Antoine CHARIBAIRE-LACOSTE, et est transformé en papeterie. En 1794, Jean QUETIN, né à Challes le 12 octobre 1730, y est salleran et Charles Urbain (LE)VIEZ, son gendre, gouverneur. Jean QUETIN est l’oncle de Pierre QUETIN-SOUDE !

En 1811, le Grand et le Petit Moulins d’Aunay ainsi que le Grand Moulin de Clan feront travailler jusqu’à 16 ouvriers papetiers. EN 1814, la famille CHARIBAIRE-LACOSTE le vend à un fabricant de papier, Jean DEROSSY, qui le vend à son tour en 1817 à la meunière du Moulin de Prélefort (à Huisseau-sur-Mauves) qui n’est autre que Marthe Madeleine QUETIN, veuve de François COCHET, et fille de Pierre QUETIN-SOUDE ! Il fut alors transformé en moulin à farine et restera dans la famille COCHET durant tout le 19e siècle.

Au 20e siècle, il devient la propriété de la famille COURATIER, également propriétaire du Moulin de Roudon.

Le Grand Moulin d’Aunay cesse ses activités vers 1950.



Le Grand Moulin d'Aunay en 2010.
(Vue aval)


Le Grand Moulin d'Aunay en 2010.
(Vue aval)


Le Grand Moulin d'Aunay en 2010.
(Vue amont)


La roue du Grand Moulin d'Aunay
en 2010.




La pierre de niveau.


Le Petit Moulin d'Aunay.

En 1784, les chanoines de Saint-Liphard de Meung autorisent le marchand papetier d'Orléans, Antoine CHARIBAIRE LACOSTE-PATAUD (futur propriétaire des Grands Moulins de Clan et d'Aunay), à construire le Petit Moulin d'Aunay pour y fabriquer du papier.

Selon l'enquête de 1811, avec les Grands Moulins de Clan et d'Aunay, il y employait 16 ouvriers.

Au début des années 1830, il est transformé en moulin à foulon par son nouveau propriétaire, le sieur BARBAT-PIPET, fabricant de couverture à Orléans. La famille BARBAT restaure le moulin vers 1870.

A la fin des années 1880, il est transformé en moulin à farine. Vers 1900, les époux BARRET-BELLETESTE en sont propriétaires puis il passe entre les mains du meunier Georges GONDARD-MASSON à la fin de la première guerre mondiale.

Le Petit Moulin d'Aunay cesse ses activités entre 1952 et 1962.




Le Petit Moulin d'Aunay en 2009.


Petit Moulin d'Aunay : Vue intérieure (2009).


Roue du Petit Moulin d'Aunay (2009).


Le Moulin de Prélefort en 2009.

Moulin de Clan.


Au moyen âge, Le Grand Moulin de Clan appartenait à la seigneurie de HUISSEAU-sur-MAUVES. Au 15e siècle, il était moulin à papier et en 1478 le fermier en était François BERNOING, papetier à Clan (cf. : L. JARRY – AD du Loiret). On retrouvera plus tard, en 1794, un certain Jean BERNOING, natif d’Issoudin, âgé de 44 ans , marié à Anne QUETIN, coucheur au moulin de Clan. De la fin du 15e siècle au milieu du 18e, le Grand Moulin de Clan fût utilisé pour faire de la farine.

Vers 1750, le seigneur de Huisseau-sur-Mauves le vend au marchand papetier du moulin du Roudon, André LESOURD-DURAND pour le transformer en moulin à tan.

En 1791, il est à nouveau transformé en moulin à papier. Le propriétaire-exploitant est Bernard CASSIGNOL qui possédait également le moulin à papier de Basmont et qui faisait travailler dans ces deux moulins 16 ouvriers.

Reconstruit à neuf en 1803, il appartenait en 1811 au marchand papetier d’Orléans Antoine CHARIBAIRE-LACOSTE. Avec les Petit et Grand Moulins d’Aunay, ce dernier faisait travailler 16 ouvriers papetiers en 1811.

Vers 1830, il sert à moudre des céréales et est vendu en 1865 au notaire Edouard LANDRON, futur propriétaire de Moulin de la Fontaine à Meung. En 1877, ce dernier le vend à la veuve de Gentien Joseph ALLARD. En 1889, Eugène COUTE (père du poète-chansonnier Gaston COUTE) et Emmanuel TROULET, son beau-fils (futur maire de Meung-sur-Loire), l’achètent et en deviennent exploitants.

Après être passé entre les mains de la famille POULLIN, le moulin devient la propriété de la famille MEUNIER à partir de 1927.
Peu après l’arrivée de l’électricité, la roue hydraulique s’arrête de tourner en 1955. Et en 1994, le Grand Moulin de Clan cesse ses activités de meunerie.

Grand Moulin de Clan en 2009 :




Le Grand Moulin.


La première trace écrite de ce moulin remonterait à l’an 1172. Depuis cette date et jusqu’à la Révolution, il a appartenu à l’Evêque d’Orléans, seigneur de Meung-sur-Loire et fut exclusivement moulin à farine. Comportant 2 roues, il comprenait également une habitation et un jardin. Tout comme le moulin du Fort, c’était un moulin banal, c’est-à-dire que tous les habitants de la banalité de Meung-sur-Loire avait obligation d’y moudre leur blé moyennant une redevance. Avec le four banal, ces deux moulins banaux procuraient un revenu important à l’Evêque d’Orléans.

Le Grand Moulin était exploité par des « fermiers » que l’évêque baillait pour 9 ans en général. On peut citer : Guillaume LOISEAU (1612), Claude LOISEAU (1676), Hiérosme ROULLEAU (1706-1744), Jean LOISEAU (1754), Pierre POMBLA (1773). En 1788, Pierre TOURNOIS-POMBLA était le fermier des 3 moulins appartenant à l’évêque d’Orléans (les 2 moulins banaux et le moulin neuf).

Vers 1770, en plus de moudre du grain, le moulin actionnait une machine hydraulique qui remontait l’eau au château pour alimenter les canaux du jardin.

En 1791, les trois moulins appartenant à l’évêque d’Orléans et le moulin des 2 roues sont vendus comme biens nationaux à Jacques-Jean LECOUTEULX du MOLAY, trésorier de France (il sera maire de Meung-sur-Loire de 1809 à 1816). En 1850, son fils, Benigne Léon LECOUTEULX (maire de Meung-sur-Loire de 1837 à 1843), restaure et agrandit le Grand Moulin.

Pendant la guerre de 1870, il sert d’hôpital militaire.

La famille LECOUTEULX le vend en 1878 à Alphonse ALLIOT, originaire du Berry.
En 1890 et 1893, ce dernier le baille à ferme à Monsieur PLEYAU-LEPAGE.

« L’an 1884, le jeudi 9 octobre, …, par devant nous, André Alphonse Alliot, maire, …, est comparu le Sieur Hyppolite Auguste PLEYAU, âgé de 32 ans, négociant meunier, domicilié à Meung, au Grand Moulin, lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin, né en son domicile, ce jour, de lui déclarant et de Dame Marie Blanche Céline LEPAGE, âgée de 23 ans, sans profession, son épouse … ».

Là encore, Hyppolite PLEYAU est le petit-fils d’Eléonore Florence QUETIN, elle-même petite-fille de Pierre QUETIN, né à Challes le 20 mars 1760, et de Marie Marthe SOUDE !

En 1902, Eugène LANCE est le fermier exploitant. Au début du 20e siècle, le Grand Moulin appartient à une grande famille de tanneurs magdunois, les LANDRON (elle a possédé 5 moulins à tan : Basmont, Massot, Râteaux, Rousselet, Saint-Hilaire et Saint-Pierre).

Dans les années 1960, le moulin cesse ses activités et devient une habitation.

Le Grand Moulin en 2009 :


Suite : Les "QUETIN" à Meung-sur-Loire.

Le site de la ville de Meung-sur-Loire

Bibliographie : Les informations ci-dessus sont extraites :
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