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François Quetin.

François QUETIN est né le 22 septembre 1741 à Challes (72). Il y sera papetier, tout comme son père, Jean, et ses frères Pierre, Jean, Julien et Joseph.

En 1767, Elie SAVATIER, qui a fait construire le Moulin de Paillard à Poncé, s’associe à Julien QUETIN, alors âgé de 35 ans et ouvrier papetier au moulin de Vendôme, « pour l’exploiter en commun et de société avec lui l’espace de deux ans » par acte du 5 avril 1767 (Voir original ici : page 1, page 2 – Clichés Louis ANDRE).

A partir de cette date, François et ses frères papetiers vont s’établir à Poncé comme en témoigne le lieu de naissance de leurs enfants. Le 13 juillet 1772, François se marie avec Marie VIAU de laquelle il aura 3 enfants.

Il va ensuite partir au moulin à papier de Saint-Nicolas-Saint-Mesmin, aujourd’hui St-Pryvé-St-Mesmin, canton d’Olivet (45). Cette papeterie, comme la papeterie de Poncé, produisait principalement des « papiers bleu et gris» d’emballage (pour les pains de sucre) pour les raffineurs d’Orléans et de La Rochelle.

Sans doute avant de partir, François vend-il ses meubles :

« 5 mai 1782 : Vente de meubles sur réquisition du Sieur François QUETIN.
Aujourd’huy cinq may mil sept cent quatre vingt deux avant midi, par devant nous Laurent René HARDIAU notaire de la Châtellerie de Poncé, demeurant à Ruillé soussigné …
Est comparu en personne le Sieur François QUETIN, hôte au dit bourg et paroisse de Poncé, y demeurant, à la réquisition duquel avons vaqué ainsi qu’il fait, en conséquence de la  …, à la vente et adjudication publique au plus offrant et dernier enchérisseur des meubles et effets mobiliers à lui appartenant et dont il désire se défaire, sous l’assistance de Jacques GROUPPE demeurant à la Chartre, paroisse de la Madeleine, choisi par le Sieur QUETIN pour crier les enchères de la vente, aux charges pour ceux qui vont se rendre adjudicataires des dits meubles et effets mobiliers d’en payer comptant le prix …
Premièrement, une crémaillère adjugée après plusieurs enchères et que personne n'a voulu surenchérir pour 32 sous à Henry MENIER, demeurant à Poncé, etc … ». Voir l’original de cet acte (photos Louis ANDRE) : page 1, page 2, Page 3, Page 4.

Sa femme Marie VIAU décède le 11 décembre 1783 à Chemillé-sur-Dême.

Le 11 janvier 1785, François QUETIN se remarie avec Thérèse LEMERLE dont il aura 3 fils (au moins), Julien, Marie-Charles et François-Claude.

« Le 18 novembre 1788 a commencé un hiver … si terrible que pendant les sept semaines qu’il a duré le froid a toujours été en augmentant au point que l’histoire ne fournit pas d’exemple d’un pareil … Le 18 janvier 1789 a eu lieu la desserre de la Loire qui s’est faite vraiment à annoncer la fin du monde pour Orléans. La crue a été si subite qu’on a pu être prévenu, si affreuse et si inouïe qu’elle a emporté dans l’instant la croûte énorme des glaces, s’est élevée avec les glaçons à une hauteur effrayante, au point qu’elle a emporté sur les ports et même sur des hauteurs matériaux, bateaux marchandises, après les avoir brisés. La furie des flots et le choc des énormes glaçons amoncelés ont été si violents qu’ils ont ébranlés un pilier et une arche du fameux pont d’Orléans, renversé plusieurs autres, emporté et brisé tous les moulins … Environ 10 paroisses se sont trouvées subitement submergées : une infinité de maisons écroulées, grand nombre de personnes noyées, presque toutes obligées de monter sur les toits de leurs maisons, dans leurs arbres, sur des hauteurs, en attendant de la nourriture et du secours. » (Registres paroissiaux de DAMBRON - Eure-et-Loir). Cette débâcle est aussi décrite dans l’Encyclopédie Méthodique - Géographie Physique - par M DESMAREST tome troisième - M DCCCIX - Pages 589 et 590.

La Revue Orléanaise (1847 - N°1 - AD45 - page 306), d’après les états produits à l’administration, nous apprend que « François QUETIN, papetier à Saint-Mesmin, évaluait ses pertes à 30 280 livres, une somme énorme pour l’époque… La rapidité des eaux était telle qu’en moins de trois minutes elles touchèrent aux parties les plus élevées de son usine. .. La quantité des glaces, d’une épaisseur énorme, ne tarda pas à ébranler sa maison, au point qu’à huit heures la moitié fut emportée … Les moulins croulèrent bientôt et ne laissèrent après eux aucun signe ni aucune apparence de leur construction ».

En 1790, la chaussée des Tacreniers, sur le Loiret, comportait quatre moulins : le moulin à papier, le moulin de l’Ile et le moulin neuf, tous deux à chamois et le moulin des Tacreniers (ou moulin « Géron »), à farine. Lors de la vente des biens nationaux en 1790, François QUETIN, sous-bailleur du moulin à papier depuis 1780 (ou1784 ?), en devient propriétaire.

Toujours en 1790, le meunier du moulin à farine des Tacreniers (ou moulin « Géron »), Noël PETITET, n’est autre que le gendre de François QUETIN !

L’origine de propriété qui figure dans l’acte de vente LEMAIGRE – HOLLARD (voir plus loin) nous apprend que « Mr QUETIN s’est rendu adjudicataire au Directoire du district d’Orléans des dits biens en qualité de biens nationaux dépendant du ci-devant monastère des feuillants établi à Saint-Nicolas-Saint-Mesmin suivant procès-verbal en date du 26 janvier 1791… Cette adjudication fut prononcée au profit du dit François QUETIN moyennant 25 000 livres ». Il avait été mis en vente « par adjudication, au plus offrant et dernier enchérisseur » pour 18 000 livres (Journal Général du Département du Loiret – N° 232 page 944).

En fait, ce même acte (voir extrait ici) nous apprend également que François QUETIN et son épouse ont revendu aussitôt ce moulin aux époux GILBERT, « vente consentie au profit de ces derniers par le Sieur François QUETIN, papetier, demeurant paroisse de St-Nicolas-St-Mesmin, et Dame Thérèse Rose Félicité LEMERLE, sa femme, suivant contrat reçu par Maître BRUSLE et son collègue, notaires à Orléans, le 12 mars 1791 moyennant une somme de 25 000 livres que les vendeurs ont indiqué à leur acquéreurs de payer en leur acquit à la caisse du district d’Orléans dans les termes et de la même manière que les dits Sieur et Dame QUETIN en étaient eux-mêmes tenus par le procès-verbal d’adjudication ».

Marie-Charles QUETIN, fils de François QUETIN et de Thérèse LEMERLE, naît le 17 juin 1793 à Saint-Nicolas-Saint-Mesmin, en leur maison « sise au quartier des Tacreniers ».



L’enquête de l’an II (1794) sur les papeteries nous donne quelques informations sur le moulin de François QUETIN, à Saint-Nicolas-Saint-Mesmin : il dispose d’une cuve, emploie 5 ouvriers et produit 350 quintaux par an de papiers. « Il ne se fabrique que de gros papiers à raffineurs et papiers lombards. Il se fabriquerait du plus beau papier et en plus grande quantité si la rivière était nivellée ». Voir l’original (photo Louis ANDRE) : page 1.

En 1801, Paterne FAUCHEUX en devient propriétaire, puis c’est Catherine BIGOT, sa veuve, puis Julie (Le)FAUCHEUX, sa fille, qui épouse en 1803 Sylvain LEMAIGRE et lui apporte le moulin en dot.

Malgré ces changements de propriétaire, François QUETIN exploitera la papeterie jusqu’en 1802.

Sylvain LEMAIGRE, ami d’Elie de MONGOLFIER, devient propriétaire de la papeterie en 1803 et va la développer, toujours dans les papiers à sucre : elle devient une usine employant plusieurs dizaines d’ouvriers. En 1847, il vend son moulin à Julles HOLLARD qui crée en 1874 la Société des Papeteries du Loiret. Les bâtiments totalisent alors plus de 70 mètres de façade. La papeterie cesse ses activités vers 1905.


En 1811, François QUETIN loue le moulin de Basmont, à Meung-sur-Loire, au fils de l’ancien propriétaire Bernard CASSIGNOL et y emploie 3 ouvriers. B. CASSIGNOL l’avait transformé en moulin à papier en 1792 et y faisait travailler 16 ouvriers en 1794 (y compris le Grand Moulin de Clan).

François QUETIN décède le 25 février 1815 à Meung-sur-Loire.

Le 23 janvier 1818, François-Claude QUETIN et Marie-Charles, son frère, tous deux fils de François QUETIN, établissent entre eux, sous seing privé, « une société de commerce … sous la raison de Quetin frères … pour l’exploitation d’un moulin à papier situé à Basmont (commune de Meung) … La mise en commun se compose de tous les ustensiles et marchandises propres à la fabrication qui leur ont été cédés par la Veuve QUETIN, leur mère. (...) société qui cessera le 24 juin 1824 ... ».
François-Claude demeurait précédemment à Orléans, rue du chat qui pêche. Il est maintenant à Basmond, comme son frère Marie-Charles.

« Marie-Charles a versé dans la dite société huit cent francs, et François Claude QUETIN, quatre mille deux cent francs … Les bénéfices ou les pertes de la dite société se partagerons par moitié entre les deux associés sans répartition de la part de François Claude QUETIN, malgré que sa mise excède celle de son frère, mais que dès que la société présentera des bénéfices à suffire François Claude QUETIN aura le droit de retirer des fonds de la société l’excédant de sa mise sur celle de son frère … Dans le cas où par suite de son mariage Charles QUETIN se trouverait dans la possibilité de fournir une somme égale à celle de son frère dans la dite société, il sera tenu de le faire de manière à ce que leur mise soient égales ». Voir l’original de l’enregistrement de cet acte le 17/2/1818 au greffe du tribunal de commerce d’Orléans ici (photos Louis ANDRE) : page 1, page 2.

Marie-Charles QUETIN s’est marié le 10 février 1819. Il a peut-être pu fournir la dite somme …

Dans "l'Almanach du Commerce de Paris, des départements de la France et des principales villes du monde" par J. de la Tynna, 1825 - page 524, François-Claude QUETIN, époux de Marie Louise ROUSSEAU, est mentionné comme fabriquant de papier au moulin de Basmont, à Meung, tandis que son frère Marie-Charles QUETIN serait au Moulin d'Aunay, avec BOUCHET et CHARIBAIRE-LACOSTE.


Dans le même Almanach édité en 1829, le nom de QUETIN n'apparaît plus (voir ici). On retrouve par contre le nom de Sylvain LEMAIGRE, le papetier de Saint-Nicolas-Saint-Mesmin, qui exploitera le moulin de Basmont jusqu'en 1830 avec son beau-frère, Denis Auguste BOURGUIGNON.

Ce dernier reprend alors seul le moulin à son compte, sans grand succès, et Sylvain LEMAIGRE n'est pas tendre avec son beau-frère (Voir ici, d'après les copies de Lettres de LEMAIGRE, Archives Départementales du Loiret, Cote provisoire J 1987- Source : « Les papiers à sucre et le moulin à papier du Loiret, de 1828 à1848, d’après les registres de correspondance d’Etienne-Sylvain LEMAIGRE », par Nicolas GUICHET, mémoire de maîtrise, Université d’Orléans – 1992 ).

Toutefois, on retrouve Marie-Charles QUETIN au Moulin Maquetaud (ou Maqueteau) à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne) quelques années plus tard puisque ses filles, Julie Félicité Zémia et Marie Alexandrine y sont nées respectivement le 3 février 1827 et le 23 septembre 1828.

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Saint-Léonard-de-Noblat.
Le Moulin Maquetaud (ou Maqueteau).
Saint-Léonard-de-Noblat.
Le moulin du Got (en 2009).

Voir le mini-sujet sur le moulin du Got à Saint-Léonard-de-Noblat dans le J.T de 13h du 18/4/2008 sur le site de TF1 ou extrait ici.
Voir le film de Jean Desmaison sur le moulin du Got (8') ici ou sur YouTube.

Le moulin du Got est un des rares sites qui présente toutes les étapes de la fabrication d'un livre : de la formation du papier à l'imprimerie. Il abrite en effet également un atelier d'imprimerie traditionnelle où la composition froide ou chaude se fait en plomb et l'impression sur des presses typographiques et lithographiques, ce qui n'aurait pas été pour déplaire à François Claude QUETIN dont un des fils, Victor Joseph QUETIN, deviendra lithographe ! (Voir "De la papeterie à la lithographie").

La femme de François QUETIN, Thérèse Rose Félicité LEMERLE décède à Tours, le 30 décembre 1828 au domicile de son fils François-Claude, levée Saint-Symphorien, n°35 (Voir vieux plan de Tours).

En 1842, le moulin de Basmont, dernier moulin à papier de la ville de Meung-sur-Loire ferme ses portes …

Quant au moulin des Tacreniers situé sur l’ancienne chaussée des « Tacreniers », il fut transformé en moulin à farine vers le milieu du 19e siècle et resta en service jusqu’en 1970. Il fut, à une époque, surnommé moulin « Géron ». En effet, Pierre GERON achèta le moulin en 1867 et l'exploita en moulin à farine. Son neveu, Emile GERON prendra la suite et le revendra en 1936 à Pierre DURU.


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Le moulin des Tacreniers en 1923 et 2010.

Lien à visiter : Le sentier des moulins à Olivet


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